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Une Tonne !

Toujours en faire des tonnes...

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Un barbare en Asie (centrale)

--> En Azerbaidjan, en Ouzbekistan




Invité au mariage d'un ami français dans la ville natale de son épouse, j'ai nommé Qusar, Azerbaidjan, j'ai mis mon plus beau costume pour l'occasion et me suis envolé pour 2 semaines de séjour dans cette intéressante "république" post-soviétique, avec un petit arrêt en Ouzbekistan au retour (mon plan de vol étant TOKYO - OSAKA - TASHKENT - BAKOU avec 3 jours de transit au retour dans la capitale ouzbèke, pour lesquels un visa fut nécessaire...).


(en rouge foncé, l'Azerbaidjan)

Azerbaidjan:
Capitale: Bakou
Population: moins de 10 millions d'habitants
Monnaie: le MANAT (1 manat = un peu moins d'1 euro)
langue: azéri (proche du turc)
Religion officielle: aucune (en pratique: l'Islam)
Président: l'inénarrable Ilham Aliyev
économie: basée sur le pétrole, le gaz.

Le voyage s'est bien passé, mais contrairement à l'Inde je pense que je n'en garderai pas un souvenir impérissable: ces pays ex-soviétiques semblent pris dans une chape de plomb, tout semble pétrifié et les gens mous, hagards, sans perspective d'avenir...
Il faut dire que l'espoir né à la fin de la période soviétique à laissé place à la déception puisque la plupart de ces pays ont basculé dans des systèmes dictatoriaux sous la férule des ex-apparatchiks du PC local (en Azerbaidjan, on a l'impression que tout l'argent du pétrole et du gaz passe dans les statues et posters géants du président, et dans les voitures des flics, bolides qui contrastent avec les habituelles vieilles Lada...idem en Ouzbekistan ou la densité policière est hallucinante)...sans compter la propension originelle de ces peuples des Balkans et du Caucase au "spleen", que je prenais pour une légende...


Aussi, en Azerbaidjan le problème politique lié à la région du Haut Kharabagh, annexée par l'Arménie suite à une guerre il y a une quinzaine d'années, pèse lourd: une grosse partie du budget national passe dans l'armement, et si une trève a été signée à la manière de la situation coréenne, il n'y a toujours pas d'armistice officiel...En fait, les Azéris me disaient qu'une victoire militaire sur l'Arménie, pays " pauvre et dépeuplé" , serait aisée dans l'absolu, mais le problème vient du soutien russe à ces derniers contre l'Azerbaidjan, l'un des seuls pays à refuser la présence de bases militaires russes sur son sol, et trop proche de la sphère d'influence turque, que Moscou cherche à contenir...


Le président Aliyev, parlons-en: c'est tout un poème. Aliyev père, prénommé Heydar, ancien officier du KGB puis secrétaire général du PC d'Azerbaidjan, prend le pouvoir en 1993, 2 ans après l'indépendance, via à un putsch rondement mené ( suite à des émeutes dans la capitale liées aux rivalités Azéris-Arméniens qui verront notamment l'intervention sanglante des chars russes), et avec un statut d'"homme providentiel" puisqu'il est à l'origine du cessez le feu mettant un terme au conflit du Haut Kharabagh...Ensuite, il règne sur le pays où prospèrent népotisme, corruption et trafic de drogue jusqu'à sa mort en 2001 dans une clinique de Cleveland, mort cachée aux Azéris pendant un bon mois, le temps de transférer le pouvoir à son fils Ilham, ex-playboy et grand amateur de casinos (on murmure qu'il dilapide le budget du pays aux cartes tous les soirs en Turquie...) Bref, une fine équipe.



Le problème est donc complexe, et en attendant, pour les habitants du pays il n'y a pas d'amélioration notable du niveau de vie depuis la période communiste (la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté malgré la croissance constante due aux ressources pétrolières), période que beaucoup disent regretter (ceci dit, on me résuma plusieurs fois la situation sous cette formule lapidaire: "à l'époque, tout le monde avait de l'argent mais rien à acheter, maintenant, on peut tout acheter mais personne n'a d'argent") ...

Certes, la famille de la mariée chez qui nous résidions dans le confort le plus total semblait très, très aisée, sans rapport avec la profession d'origine du chef de famille, professeur, au salaire mirobolant de 150 euros par mois -, mais il semble qu'une grosse partie des revenus passe ici par l'économie souterraine: import parallèle avec la Russie - visiblement le domaine du chef de famille -, et évidemment commerce de marchandises prohibées... On me disait que c'était le cas dans toute la région, et qu'en Russie ce marché constituait 70% des revenus..



De plus, la planification soviétique a laissé des traces, et les paysages sont pour la plupart assez tristounets: des friches semi industrielles, des maisons délabrées ou en -mauvaise- construction un peu partout, des silos, pipelines et autres résidus métalliques dans tous les coins...
Peu de monuments ou lieux notables à visiter, à part les contreforts du Caucase dans le nord, où la nature reste splendide - pour le moment, vu les nombreux projets d'exploitation, pour la plupart impulsés par les membres de la famille dirigeante, qui verrouille tous les postes clés...



L'autre problème pour moi, c'est la langue bien sûr: la langue internationale dans la région est évidemment le russe, que je ne maitrise pas du tout.. Sans l'épouse de mon ami et un ami de la famille professeur de français, j'avais bien du mal à me faire comprendre..

Le mariage lui-même était intéressant, 500 personnes dans une énorme salle aux couleurs criardes dans le plus beau kitsch soviétique, les mariés font leur entrée, dansent la "Lesginka" (danse traditionnelle de l'ethnie lesginienne à laquelle appartient la famille de la mariée, très minoritaire dans le pays et éparpillée dans le Caucase) puis s'assoient à la table centrale d'où ils ne vont plus bouger pendant les 4 heures à venir exceptés pour 1 ou 2 danses, tous les regards rivés sur eux alors que les délégations familiales se succèdent pour les féliciter, se faire prendre en photo avec eux puis danser au milieu de la salle alors que les patriarches donnent des liasses de billets aux femmes, qu'elles déposent ensuite dans la caisse posée près de l'orchestre...



Assis à la droite du... mari, j'assistais au ballet photographique pendant une heure puis faisais le tour de la salle en acceptant ici et là les toasts à la vodka, consommée cul-sec et en abondance...



Le reste du séjour s'est passé dans la plus totale nonchalance, le panel d'activité possible dans la ville (Qusar, 180km au nord-ouest de Bakou, la capitale) étant relativement limité, en dehors de la place centrale où des concerts sont donnés tous les jours en été, et où on se rend en prenant garde de ne pas tomber dans les bouches d'égoùts sans couvercle et de ne pas se faire cracher des coques de graines de tournesol que les désoeuvrés accroupis un peu partout mâchonnent mécaniquement...

L'occupation principale reste donc la nourriture, servie en abondance sinon en variété par les femmes de la famille (on sent un partage des tâches assez strict, pour rester poli): brochettes d'agneau (chachlik) bien grillé (il vaut mieux vu que la viande vendue au marché est présentée à l'air libre, pendant à des crochets devant les passants), feta, légumes et pain traditionnel... Encore et encore. Avec thé, confiture et gâteaux pour passer le temps entre les repas.



On ira se baigner dans la mer caspienne, sur une plage envahie par les vaches et les voitures qui la confondent qui avec un pâturage, qui avec un parking...au moins, l'eau était bonne.

On visitera les oncles et tantes de la mariée dans des villages reculés: enfin, des champs de blé, des prés et pas des terrains vagues métallisés...et comme d'habitude, l'invité est accueilli avec le coeur sur la main...Je prends quelques photos d'une grande tante qui s'éteint doucement: elle semblait y attacher beaucoup d'importance; j'espère qu'elle les recevra à temps...



La visite de la capitale le dernier jour ne viendra pas contredire l'impression de spleen: en banlieue d'immondes immeubles soviétiques en lambeaux, au centre des bâtiments modernes sans âme et un ou deux vestiges des civilisations perse et islamique ; le frère de la mariée, qui baragouine quelques mots de francais et me guidait les derniers jours, fera d'ailleurs un esclandre dans l'un d'entre eux en tentant de négocier le prix d'entrée, plus élevé pour les étrangers comme souvent dans les pays en développement: on lui rétorquera qu'étant Français, je suis objectivement allié des Arméniens - leur némésis - (!), et que pour la peine il était normal que je paie le prix fort...après quelques hurlements (en bon Lesginien, il méprise les "stupides Azéris"), mon camarade outré me fera rebrousser chemin, dommage car la mosquée semblait fort belle...



Puisqu'on parle de mosquée: la religion commune en Azerbaidjan comme en Ouzbekistan est évidemment l'Islam, mais un Islam très tolérant: pas ou très peu de femmes voilées, consommation d'alcool, etc...
Les habitants semblent d'ailleurs conspuer les fondamentalistes islamistes qui sévissent au proche-orient (mais ils soutiennent les Tchétchènes contre les Russes): "ca PAS Islam, eux fous", me disait mon camarade, avant d'enchainer sans broncher sur son admiration pour Napoléon, Saddam Hussein (car anti-Kurde, considérés comme islamistes) et... Adolf Hitler ("un homme à poigne", et qui avait bien compris le "complot sioniste"....hem). De même, les théories du complot gouvernemental concernant le 11 septembre 2001 semblent assez en vogue dans la région, mais le nombre de mes sources étant limité, je ne voudrais pas généraliser...



Bref, je quittais le pays sur ces notes incongrues après une nuit à Bakou dans un bel appartement loué par le chef de famille (les hotels semblent très chers dans la capitale, mais je ne saurai jamais s'il ne s'agissait pas plutot d'un stratagème pour nous dorloter jusqu'au bout, voire éviter de laisser dormir les mariés dans une même chambre d'hotel, sacrilège que le père de famillle voulait absolument éviter: chez les lesginiens, le mariage se fait en 2 temps: la cérémonie de la mariée - celle donc à laquelle nous avons assisté - est distincte de celle du marié, à la suite de laquelle seulement le mariage est "officialisé", et qui se déroulera donc en France... Les contacts publics - ou non - entre hommes et femmes semblaient d'ailleurs extrêmement "règlementés"- c'est à dire interdits avant le mariage -). Sur ce, en route vers l'Ouzbekisan...


Ouzbekistan:
Capitale: Tashkent
Population: environ 25 millions
langue: l'Ouzbek (encouragé par un nationalisme ethnique très autoritaire, contre les influences russes, turques et iraniennes)
monnaie: le soum (1 euro= 1700 soums. la plus grosse coupure est le billet de 1000 soums...)
religion officielle: aucune (en pratique: l'Islam, largement récupéré par le pouvoir présidentiel)
président: Islam Karimov, ex -oh surprise- secrétaire général du PC ouzbek...
économie: basée sur la culture intensive du coton, planifiée par l'Union Soviétique (et qui a notamment précipité la "mort" de la mer d'Aral), mines d'or. Peu de pétrole. Structures collectivistes encore relativement présentes notamment dans l'agriculture.


Sans guide et sans parler le russe (à part la dizaine de phrases du cours accéléré généreusement dispensé par la mariée 3 jours avant de partir), il semblait difficile de fouiner pour trouver un hôtel pas cher, j'ai donc fait confiance au vol...hem, chauffeur qui m'a conduit de l'aéroport en ville (10 dollars au lieu de 2 normalement, apprendrai-je) et me suis retrouvé dans un somptueux 4 étoiles pour 40 euros la nuit: acceptable.

Tashkent, la capitale de l'Ouzbekistan, est une ville agréable, très étendue (avec plus de 2 millions d'habitants, c'est la 4e ville de la CEI), aux larges artères très aérées et pleine de verdure... Il y a malheureusement assez peu à y voir pour le touriste lambda que je fus, en dehors du somptueux métro aux galeries de marbre et verre soufflé et de quelques pseudo monuments, statues et autres constructions pharaoniques récentes tentant sans grand succès de mélanger architecture moderne et islamique traditionnelle...



L'atmosphère est plus gaie qu'à Bakou, les gens sont très beaux (ils ont les yeux légèrement bridés, mélange de type arabe, asiatique et caucasien) et l'immense bazar de Chorsu est l'endroit qui m'a fait la plus forte impression, avec ses galeries de toiles et ses odeurs d'épices...



Ne connaissant personne et sans "guidebook", je n'ai pu flaner dans les bas quartiers, et n'ai pu sortir de la capitale par manque de temps, je n'ai donc malheureusement pas pu me faire une idée juste de la vie quotidienne dans le pays, qui d'après la capitale m'a semblé relativement avancé mais qu'on dit en fait plus pauvre et encore plus "cadenassé" que l'Azerbaidjan, notamment à cause du conservatisme et de l'obsession du contrôle de son président, Islam Karimov, qui dans de nombreux domaines a conservé les systèmes soviétiques, et résiste visiblement à l'ouverture du pays sous quelque forme que ce soit...

En fait, l'Ouzbekistan, ancienne plaque tournante de la Route de la Soie, est sans doute un superbe pays à visiter, avec des villes légendaires telles Samarkand et Bhukara, mais je manquais de temps...peut être une prochaine fois si je trouve un/une russophone charitable pour m'accompagner...



Voilà donc pour ce voyage, intéressant à bien des égards mais, il faut bien l'admettre, pas vraiment "enthousiasmant"... En espérant l'Afrique pour un prochain voyage, je retrouvais le Japon, son opulence apparente et son absence totale de sens ...


A bientôt!





ps: j'ai failli oublier...admirez le MANAT, la monnaie locale de l'Azerbaidjan, qui vous rappellera sans doute quelque chose (et en dit long sur bien d'autres...):













Ecrit par antonz, le Samedi 4 Août 2007, 12:43 dans la rubrique "archives".

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Commentaires

vivre en Azerbaidjan ou en Ouzbekistan

demanche

17-06-09 à 20:49

Si je devais travailler à BAKOU et donc y vivre que me conseillez-vous?
Merci de vos commentaires


Re: vivre en Azerbaidjan ou en Ouzbekistan

antonz

22-07-09 à 16:57

N'y étant allé qu'en touriste, je ne peux malheureusement pas vous apporter le moindre conseil en la matière...
Bonne chance!


Re: vivre en Azerbaidjan ou en Ouzbekistan

Anonyme

28-07-09 à 15:00

DE TRAVAILLER BOKOU


Charlotte Rémond

02-05-11 à 13:56

sympa votre article : quelques notations géographiques, politiques, économiques, sociales, avec la pointe d'humour pince-sans-rire qui rajoute la dimension du non-dit! On s'y croirait, merci, grâce à vous, aujourd'hui, j'ai voyagé...


André

22-06-12 à 12:07

Très sympa votre article. Je suis tombé dessus par hasard en faisant des recherches sur l'Azerbaijan et vous m'avez bien éclairé. Merci beaucoup.
(un jeune de 23 ans)