Casshern
--> Film japonais, 2004. Réalisation: KIRIYA Kazuaki
Vu CASSHERN, ce blockbuster japonais adapte d'un vieil anime des annees 70
(ou un peu plus tard?).
Le synopsis, en bref (et librement adapte): dans un futur trapezoidal (et
un peu parallele aussi), l'Empire des Vilains impose sa griffe de fer sur toute
la region Z. Bien sur, les habituels rebelles sont de la partie, et la guerre
est ininterrompue depuis des decennies, les morts pleuvant dru.
Le professeur Y presente son projet d'Humain de Synthese (shinzoningen)
destine entre autres a guerir les maladies incurables par l'apport de morceaux
clones (c'est le theme actuel de l'ethique dans les biotechnologies). en fait,
sa femme est malade et il veut surtout la guerir, elle .Les autres, a la
limite(ca rappelle qq chose...). . Mais les gens se moquent de lui, et personne
ne consent a lui faire credit sauf...l'armee. Confortablement installe dans un
labo militaire, le brave commence ses recherches. Dans le meme temps, son fils
part a la guerre, et y meurt.
L'experience interdite a lieu. Bien sur la machine (sans doute sous
Windows) bugge et rien ne se passe comme prevu. Les cobayes utilises
resuscitent dans un etat deplorable, et sont massacres. Quelques uns
parviennent a prendre la fuite. Le fils, lui, est a peu pres reforme, mais pour
achever la manoeuvre, on le coince dans une autre machine qui le transformera
en...tintiiin...le seul, l'unique, CASSHERN.
Pendant ce temps, les bannis mutants , egares au pole nord (?), y
decouvrent une vieille base secrete battie par Donald Rumsfeld, qui contient en
fait une usine de fabrication de robots combattants au look etrange mi Matrix
mi vilain de bioman. C'est parti!!les mutants decident de se venger: ils
envoient leurs legions de robots contre l'Empire, et decident de devenir les
nouveaux MAAAITRES DU MOOOONDE... Heureusement (hem..), le vaillant CASSHERN
veille...et ca va faire mal (pour tout le monde). Bien, le decor est plante,
passons a la nalyse (euh)
L'impression majeure au sortir de CASSHERN, c'est celle de paradoxe: tous
les aspects du film presentent en effet un double visage contradictoire, a la
fois tres leche et mal-foutu. Le tout simultanement (il fallait le faire).
L'image et les effets speciaux? a la fois grandioses et incroyablement serie-B.
Le scenario? Lyrique et desespere, ridicule et desesperant. Idem pour la
musique (entre jolis chants gregoriens remixes, pieces de piano classiques
archi connues,morceaux au violon "evangelique"omnipresent -comme
toute la B-O d ailleurs, qui aurait gagne a se faire parfois plus discrete, et
hard rock technoide impayable.)
L'intrigue, de meme, progresse de maniere pour le moins chaotique: les
robots ne mettent pas plus de 30 secondes a tuer tout le monde et controler le
monde, alors que certaines autres scenes trainent en longueur dans des
proportions inquietantes. Dans l'ensemble, les transitions sont assez abruptes
(on sent que le realisateur vient du clip: les transitions entre des scenes
independantes mises bout a bout s'en ressentent)
Certaines scenes sont tres reussies, d'autre ridicules de naivete. Le style
pictural et le film en general est un melange entre FF-X, les jeux Games
Workshop (Warhammer 40k, Titan Legions), l'inevitable Matrix, les vieux Sentai
et autres anime, The End Of Evangelion (GROS, GROS clins d'oeil...plusieurs
membres du staff y ont d ailleurs participe...le compositeur Shiro Sagisu
notamment) et un certain nombre d'autres trucs. Le recyclage et le melange des
genres semble etre la mode en ce moment pour les films SF japonais (cf
MOONCHILD, excellent par ailleurs): de l'action, des sentiments, un p'tit
message "philosophique", un ch'tit peu d'amour (enfin les potiches
habituelles): il en faut pour tous les gouts.
Les acteurs jouent assez mal dans l'ensemble, ce qui est souvent le cas
dans les blockbusters japonais "meido fo bideo-lental kuiku lilisu",
mais le concept du heros lui-meme n'est pas mal: on ne comprend pas vraiment
quels pouvoirs il possede, et il ne semble guere superieur a la moyenne de ses
ennemis. En fait, on se demande un peu ce qu'il a pour lui, et ce n'est pas
plus mal. Le fait que les super-vilains soient des ex-parias maltraites remet
aussi un peu les choses en question...bonne "idee".
Ceci dit, la morale generale du film reste assez basique jusqu'a la fin, ou
elle sombre dans un nihilisme desormais bien ancre dans le cinema japonais
("bah z'ont qu'a tous y passer"), la derniere sequence apocalyptique
proposant meme en voix off un commentaire mignon tout plein sur le theme
"c'est mal la guerre" et "aimons nous les uns les
autres"..paradoxe, quand tu nous tiens.
En somme, un film qui ne manquera pas de partager les spectateurs: film
d'action-SF baroque solaire et cultissime pour les uns, navet sideral pour les
autres... La subjectivite jouera ici a plein. Alors, que dire? que dalle
(Claude MC s'installe?)
Ecrit par antonz, le Vendredi 7 Janvier 2005, 21:57 dans la rubrique "archives".