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Une Tonne !

Toujours en faire des tonnes...

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Star Wars Episode III : Revenge of the Sith

--> Film américain; 2005. Réalisation: George Lucas




"Habemus Palpam!!!"


Etonnant comme une digestion difficile propice à une douce torpeur peut faire complètement vaciller le mode d'appréciation d'un film. Parti sans trop d'espoir passer deux heures engluées dans la gelée numérique et le fatalisme prométhéen équarri pour les besoins d'une masse critique très (vite) atteinte, une étrange confusion s'est instaurée entre les images du film et l'actualité politique de ces dernières semaines....



En effet, parfois amusant, souvent inconsistant mais surtout niais tout le temps,
le film lu au premier degré dégouline d'un insupportable manichéisme verbeux, chanté en son temps par feu Arianne, grande théoricienne du concept (souvenons-nous: "...la lutte infernale,[...]combat glacial du bien contre le mal" etc etc. Légère variante chez un compatriote concurrent par ailleurs plus proche du modèle "Star Wars" -héros prince déchu et rebelle vivant caché et décidé à renverser le vil pouvoir autocratique responsable de sa déchéance: "Goldorak go, va accomplir ta mission, dans l'infini, des galaxies, poursuis ta lutte infernale, du bien contre le mal" etc etc...). Ainsi se trouve résumée par ces penseurs illustres l'essentiel de la problématique philosophique du film.

Brèfle. Mais soudain, dès les premières minutes, une phrase-clé prononcée par le preux Jedi Kenobi fait voler en éclat mes sombres certitudes de spectateur blasé: "Alors, quel est le plan B?!", interroge-t-il d'un air soucieux son acolyte...Bon sang mais c'est bien sûr: c'est à nous, français indécis au bord d'une fracture républicaine qu'on nous menace "sans précédent" que s'adresse l'exclamation, un brin moqueuse (ahh, les réparties "comiques" d'Obi wan...)
Non, le Sénat galactique n'a pas tous les pouvoirs! Certes, après en avoir retoqué quelques amendements, il a accepté la modification de notre vieille constitution, mais cette fois, tout de même, une directive imposée par le tout puissant Conseil Jedi...la partie s'annonce corsée...

J'en étais là de mes réflexions politiques quand une nouvelle distorsion me sortit à nouveau de l'abyme casuistique dans lequel cette innocente réplique de Kenobi m'avait précipité, uniquement pour me plonger dans une confusion plus grande encore: ce sénateur Palpatine aux faux airs de Villepin qui souffre et dépérit instantanément sous les coups d'un Mace Windu - Samuel L. Jackson semblant d'ailleurs confondre dans son jeu d'acteur son rôle de Jedi et celui du flic musclé qu'il tenait dans SHAFT, le visage de cet inquiétant sénateur prend peu à peu des contours qu'il me semble, suite au matraquage médiatique de ces derniers mois, fatalement reconnaître: bon sang, mais c'est bien sûr! Ces yeux enfoncés dans leurs orbites, ce rictus sadique et ces traits tirés et flasques à la foi: RATZINGER!!! Le cardinal intriguant, démontrant ainsi qu'il a parfaitement assimilé, sinon le message mais du moins les techniques de son prédécesseur, n'a rien trouvé de mieux que de se faire enrôler pour un rôle qui devait certes lui assurer, d'après ses conseillers en com' du moins, une aura maousse auprès des jeunes.

Mais les projets de Lucas le concernant ne semblaient visiblement par correspondre à cet ambitieux plan média d'autopromotion à tous crins.

En effet, si c'est bien de mythologie christique qu'il s'agit là : Skywalker "le marcheur céleste" - l'eau, c'est dépassé - figure certes un nouveau Christ, mais c'est bien son négatif, Dark Vador - "VEDA" avec l'accent, soit les Véhicules canoniques de l'hindouisme - est un "anti-veda", un Gilgamesh inverse, anti héros ou antéchrist (on le voit bien qu'il est méchant, ce "jeune nihiliste" un brin naïf: il regarde tout le monde par en dessous...), et Pa(l)p-atine est son anti-pape.

Mais la confusion augmente quand ces intégristes "religieux" (si tant est que le "Sithsme", ou "schisme" soit une religion) se révèlent simultanément intégristes scientistes (les manipulations sur la vie auxquelles visent les deux compères, sans parler du clonage déjà fort répandu dans cet univers visiblement peu réglementé en la matière, le tout via une manipulation d'apprentis-sorciers sur ces fameux êtres lilliputiens, les "midi-chloriens" , lesquels figurent en fait, métaphoriquement, les molécules d'ADN, voire - soyons fous - les atomes: le Pa(l)patine n'indique t'il pas que "le contrôle des midi-chloriens mène au Pouvoir absolu (la Bombe)"?)
Intégristes du Marché, enfin, puisqu'on ne saurait occulter un fait essentiel: c'est bien la Fédération du Commerce (l'équivalent galactique de l'OMC) qui, faisant pression sur la planète Naboo pour briser ses barrières douanières, a déclenché la Guerre des Clones....
C'est donc à une sombre nébuleuse de lobbys scientistes (sans doute les labos pharmaceutiques), fondamentalistes religieux et néo-conservateurs ultralibéraux que se rattache l'hydre prométhéenne formée par cet improbable binôme Skywalker-Palpatine.

Mais qui a volé le feu périra par le feu, et c'est ainsi que, dans un remake inversé de la tragédie biblique originelle, Kenobi-Abel sacrifie son "frère" Anakin-Cain sur l'autel d'un idéal de pureté qu'on sait pourtant déjà mort.

Quelques instants auparavant, sur la planète des wookies infestée de "conseillers militaires" jedis, on jouait un autre remake: Saigon 1975.
Alors qu'à la capitale se joue la sanglante finale pour le gain d'un Sénat dont la forme évoque celle du stade du Superbowl...le consumérisme a fini par tout emporter...


Mais le film touche à sa fin, et l'illusion avec lui. Le violent pamphlet contre les dérives du néo-libéralisme, la déréglementation, les manipulations génétiques, la course à l'armement atomique et les fondamentalismes religieux , brulôt incendiaire caché sous cette couche de ripolin numérique (qui entraine d'ailleurs une inquiétante uniformisation esthétique dans la SF de ces dernières années, rapprochant encore plus film et jeu vidéo dans un rendu "déréalisé" que, quoi qu'on en dise, n'avaient pas les bons vieux masques en polystyrène et autres maquettes au 1/10000), brulôt idéologique dont j'étais à mille lieux de soupçonner la pertinence, se fond peu à peu dans les idéaux bucoliques d'un monde revenu à un état de pureté originelle dans lequel l'homme vivrait à nouveau en harmonie avec la faune et la flore galactique: un monde dans lequel il chevaucherait joyeusement des lézards géants, dans lequel les vieux petits bonshommes verts seraient à nouveau serviablement portés par les grands gaillards poilus, et dans lequel les jeunes couples de fermiers stériles recevraient, tombé de nulle part, le don providentiel d'un marmot en compagnie duquel, en famille (recomposée), ils admireraient d'un air inspiré de photogéniques soleils couchants...

...Et ainsi le carrosse redevient citrouille, le premier degré reprend ses droits et ses billes et le film s'achève, et avec lui mes divagations, sur cette dernière réflexion: un changement de paradigme profond semble s'être opéré dans les films de SF ultérieurs aux années 70. L'optimisme technologique et heuristique des débuts, quand la SF, en avance, planait en cerf-volant bigarré admiré de loin par un réel qui s'en inspirait, semble avoir laissé la place à un pessimisme épistémologique fataliste au fur et à mesure que les créateurs de ces films prenaient conscience qu'ils n'étaient plus en avance mais en retard sur la réalité. Désormais, ils prennent leurs thèmes dans une contemporanéité qui ne les a pas attendus, et, perpétuellement à la traîne de la tragédie du présent, ils tentent maladroitement d'y ajuster leurs mires...







Ensuite, la digestion enfin terminée, j'émerge peu à peu et repense à ce bon vieux Ben Kenobi: avec tout ca,je ne sais toujours pas comment voter....
























Ecrit par antonz, le Jeudi 19 Mai 2005, 18:16 dans la rubrique "archives".

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Commentaires

Impatience

yogax

23-05-05 à 20:32

En effet j'attendais avec impatience ta critique de ce film :)
J'ai pas comprit tous les mots, mais j'ai comprit que comme moi tu as du user de mille subterfuge pour ne pas sombrer dans une sieste infini au cours de ce film, perso c'est les meuble Ikea numérique qui m'ont le plus marqué, la suite de scene combat/bla bla, combat/bla bla et seul l'interprétation non pas parfaite loin de la de Anakin/Vador mais m'ayant quand meme bien plus a sauvé ce qu'il restait plus j'y pense et moins je trouve d'éléments pour le sauver.
Idem pour le vote je ne sais toujours pas, je finis de lire la constitution (J'en suis à la page 1) demain j'ai un cours qui devrait me le permettre :)


Re: Impatience

antonz

24-05-05 à 09:14

Tiens, du coup j'en ai profité pour revoir l'épisode IV hier soir, histoire de vérifier l'adage du "c'était mieux avant"...et bien effectivement, ce que je raconte se vérifie puisque je trouve que les trucages, costumes, etc, en bref le rendu visuel du 4 fait bien plus "réel" que le tout numérique du dernier...en fait, ce qui fait le plus faux dans "Un Nouvel Espoir" remastérisé, c'est le Jabba en synthèse....
(donc, je suis d'accord avec moi-même...pour une fois ;)

Bonne chance pour le vote...je n'ai toujours pas réussi à me décider...


Re: Re: Impatience

nin

31-05-05 à 14:57

je n'ai pas encore vu ce chef d'oeuvre de dialectique spatiale mais une force obscure m'a poussé à voter non même si comme le dit si bien le groupe "la rumeur"cela nous enfonce de plus belle dans notre image de france féodale.mais c'est de bonne guerre: à vie de frustrés répond vote de frustrés et tout le monde en est conscient à commencer par le gentilhomme qui nous demande notre avis quinze ans plus tard à propos d'un truc que personne ne comprend.et le pain à 1euros cinquante ça fait quand même dix balles 10 quoi 10balblablabli blé.

au fait moi non plus j'ai pas tout compris apparemment le film t'as quand même beaucoup inspiré sur le plan biblique mythologique et tout ça mais quand même fait que la force de tes critiques soit accessible même au public qu'à des lacunes ouaiche des gars louches quoi comme georges lucas lui l'a bien compris un peu trop même les meubles ikéa j'ai pas vu mais j'avais remarqué les "valises elsey du futur" dans l'épisode 2 quand ils partent en voyage...bon anniversaire antonin