Boogie Nights
--> Film américain, 1997. Réalisation: Paul Thomas Anderson
Avant
Magnolia, ample et belle fresque dépeignant quelques spécimens de l’Amérique
contemporaine (ses concitoyens donc), Paul Thomas Anderson avait déjà réalisé
une œuvre sur son thème fétiche de la rédemption.
Ce
thème, on ne l’attendait pas forcément dans Boogie Nights, qui décrit
l’ascension et la chute d’une jeune star du cinéma porno entre la fin des
années 70 et le début des années 80. Au demeurant, la trame semblait cousue de
fil blanc, vouée à suivre la trajectoire habituelle type « grandeur et
décadence » de ce jeune blanc bec surmembré. On voit donc sans déplaisir
le gracile Mark Wahlberg évoluer dans ce milieu trouble mais assez sympa et
–même si l’expression semble peu appropriée-, presque « bon enfant »
de la naissante industrie du porno.
Bien
entendu, les choses se corsent peu à peu à mesure que gonflent l’égo, les
narines et le compte en banque de notre jeune premier, et on commence à trouver
le temps un rien longuet quand au bout de deux heures on assiste à la
dégringolade attendue de notre petit groupe (Anderson aime visiblement soigner
ses seconds rôles et montrer tour à tour sans favoritisme les trajectoires
parallèles de toutes ses créatures).
Bref,
tout cela roule sur des rails bien huilés mais au traffic bien encombré, trajet
classique pris et repris. Quand soudain tout rebascule : tout le monde se
reprend, se relève un rien groggy mais avec la ferme intention de repartir du bon
pied, et c’est là qu’intervient cette idée de rédemption à laquelle le
réalisateur semble tenir par-dessus tout. L’étonnement du spectateur est à la
mesure des enfers personnels dont ressortent tous neufs des personnages certes
un rien zombifiés mais plus motivés et optimistes que jamais. On se prend
vaguement à y croire, quand survient la fin du film et l’ultime pied de nez du
héros, qui nous montre « enfin » son énorme engin, comme la dernière
révérence de l’acteur qu’il voudrait être s’apprêtant à sortir de scène. Mais
on sent que déjà tout est prêt à rebasculer dans le sordide et le néant.
Cette
seconde chute pressentie se fera sans le spectateur, mais son annonce donne
après coup au film un aspect « montagne russe » qui rattrape le côté
prévisible de son déroulement. Un peu comme dans la vie, donc…
Ecrit par antonz, le Lundi 17 Janvier 2005, 09:39 dans la rubrique "archives".