Oreiller d'herbes, de Sôseki
--> Quelques extraits
« L’ombre
d’un bambou nettoie l’escalier, mais la poussière ne bouge pas »
« J’ai
l’impression d’être harcelé, au moment même de me faire ermite, par quelqu’un
qui me somme de rendre mes ailes d’ange.[…] Au-delà d’une certaine dose de
ragots, l’odeur du monde d’ici-bas vous pénètre par tous les pores et votre
corps s’alourdit de cette crasse-là. »
« Si
l’on considère des évènements terribles séparément de soi-même, simplement en
eux-mêmes, en tant qu’évènements terribles, ils deviennent tableaux. […]Il y a
des gens qui s’inventent un mal d’amour inexistant, qui se forcent à souffrir
et s’en délectent. Les êtres ordinaires les prennent pour des imbéciles ou des
fous. Mais tracer soi-même les contours du malheur et s’y complaire, cela
équivaut exactement – du point de vue artistique – à peindre des paysages de
montagnes et de rivières qui n’existent pas et à se divertir d’un monde
fantastique. »
Sôseki, en peintre en vadrouille à la recherche de l'impassibilité dans Oreiller d'Herbes, son second roman (Trad. René de Ceccatty et Ryôji Nakamura, Rivages poche)
Ecrit par antonz, le Mercredi 12 Janvier 2005, 09:17 dans la rubrique "archives".