Steamboy
--> Film d'animation japonais, 2003. Réalisation: OTOMO Katsuhiro
Dans une Angleterre du 19e siecle parallele, la vapeur represente une
technologie importante et avant-gardiste, permettant de mouvoir toute sorte
d'appareils, du fil a tisser a la monocyclette. Une famille d'inventeurs tient
la vedette: exiles aux USA, pere et grand-pere du heros, le jeune Ray, ont
concu avec les fonds de la Fondation une source d'energie basee sur la vapeur
condensee quasi illimitee, la Steamball. De retour en Angleterre, commence une
lutte acharnee pour la possession de l'invention, sur fond d'exposition
universelle et de marche de l'armement.
Nous sommes ici assez loin du chef d'oeuvre, loin d'Akira, loin de
l'animation "intellectuelle" et loin d'une quelconque innovation
thematique ou meme visuelle finalement, mais proche de ce que l'animation peut
apporter de meilleur au film d'action, de divertissement pur: entre un Miyazaki
(dont on retrouve plusieurs des themes de predilection, ou du moins de nombreux
clins d'oeil) pour le cote "divertissement grand public mais qui ne prend
pas ses spectateurs pour des cons" et un Honneamise pour le cote
uchronique de "technologie alternative", mais sans la poesie de l'un
et le cote contemplatif et "Historique" (avec un grand H) de l'autre.
En contrepartie, on gagne la "patte" Otomo: une realisation
nerveuse, de l'action permanente sans essouflement, un certain gout de
l'entropie qui transforme certaines scenes en un maellstrom pyrotechnique assez
eprouvant et impressionnant pour les sens.
Visuellement, le film est egalement a la croisee des deux styles evoques
plus haut, la 3D se fait bien plus discrete que dans les dernieres productions
actuelles, le tout s'inscrit dans les cadres de l' "animation a
l'ancienne", mais tous les voyants sont au maximum pour un image et un
mouvement de tres haute qualite.
Ensuite, les themes abordes et les personnages, assez simplistes (pour
eviter la sur-caricature, Otomo impose toujours a la plupart de ses
protagonistes un dechirement interieur, entre bien et mal, science sans
conscience ou ethique a proteger..mais les ficelles sont ici decidement tres
grosses), posent bien l'envergure et l'ambition du film: reflexion minimale
(certes, le cadre de l'Angleterre du 19e et de la revolution industrielle et la
critique de l'armee sont la, mais rien qui n'ai deja ete fait, et de bien
meilleure facon), action et divertissement maximum.
Je n'en attendait pas plus, je n'ai eu ni plus, ni moins. Un bon film
d'action donc, une fresque "a l'ancienne" comme seul Miyazaki semble
encore oser faire, mais sans cette poesie et cette melancolie discetes qui
donnent aux films de ce dernier une portee universelle, et dont l'absence
cantonne ce Steamboy au rang de blockbuster sincere. C'est deja beaucoup.
Ecrit par antonz, le Vendredi 7 Janvier 2005, 22:04 dans la rubrique "archives".